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18/03/2015

Ma banquière (quinquies).

Il m’a semblé qu’elle savourait l’instant, ma banquière, quand elle m’a dit que pour notre prochain rendez-vous, il faudrait compter deux heures, au moins. Rajoutant, immédiatement, qu’elle savait à quel point ça me coûtait, sans rien savoir, bien sûr, des transports dans lesquels elles me mettaient, elle et son allure altière. Cette symbiose entre nous, depuis que je suis devenu quelqu’un d’intéressant, client à l’emprunt, bon payeur et fonctionnaire d’Etat. Mes revenus annexes l’auraient intéressée, s’ils avaient été pérennes, mais les droits d’auteur ou les cachets d’intervention ne rentrent que rarement dans cette catégorie. Mes spectacles sur tabouret haut et musiciens de rêve non plus. Dommage. Mais elle induit un nous, ma banquière, un avenir possible entre nous, quand elle me dit d’un air complice que nous sommes larges, par rapport à l’échéance, à l’offensive programmée du notaire. Elle sait déjà tout de l’endroit où je vais vivre, en sait moins que moi sur Paul Valéry, mais ça ne fait rien : dans les couples, chacun doit apprendre de l’autre, hein ? Elle en sait plus que moi, a contrario, sur tous les documents qu’il faut pour prétendre à la propriété. J’en étais resté à Rousseau, moi, le terrain enclos, l’appropriation, les gens simples pour le croire. Mais non, il va falloir que j’embauche un spéléologue pour retrouver les papiers afférents dans mon système de rangement. Mais elle en sourit, ma banquière : sans doute parce que nous sommes larges. Ou parce que les deux heures que nous allons passer ensemble, dans un mois, deux, je ne sais pas encore, compteront double, sans sa carrière et dans sa vie. En attendant, j’ai gagné 0,05% par rapport à ma dernière visite : j’ai proposé de revenir demain.

07:12 Publié dans Blog | Lien permanent